A l’aube du XXe siècle, Nancy va connaitre une des périodes les plus brillantes de son histoire. Les conséquences du traité de Francfort, au lendemain de la guerre de 1870, situent la ville à une vingtaine de kilomètres de la nouvelle frontière franco-allemande, et en font un lieu d'accueil privilégié pour les émigrés qui affluent de I'Alsace et du Nord de la Lorraine, de Strasbourg et de Metz. La population double en trente ans et dépasse les 100 000 habitants en 1900.
De nouvelles officines naissent pour répondre à la croissance de la population : Nancy comptera 37 pharmacies en 1920 contre 13 en 1870. Dans ce contexte de vitalité économique, le développement de l‘activité pharmaceutique s'inscrit dans le mouvement Ecole de Nancy.
Ainsi, sept pharmaciens adoptent I'Art Nouveau. Mais seulement quatre d'entre elles témoignent encore de leur patrimoine d'origine.
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pharmacie Jacques
Pharmacie édifiée dans le style École de Nancy par Lucien Bentz en 1903, pour le pharmacien Victor Jacques.
Son architecture est peu marquée par le style Art nouveau, hormis dans la décoration, due à Eugène Vautrin, qui exécute sur les façades de nombreuses sculptures liées à la flore médicinale locale. L'immeuble possède un balcon et une lucarne de pierre, couverte par une haute flèche d'ardoise et terminée par une couronne aujourd'hui disparue.
Le mobilier original, entièrement en chêne de Justin Ferez, disciple de Vallin, a longtemps été considéré comme détruit, avant d'être retrouvé et mis aux enchères en avril 2014.
Ses façades et toitures sur rues ont été inscrites au titre des monuments historiques par arrêté du 15 juin 1977.
pharmacie du Ginkgo
Fondée en 1804, elle est l'une des plus anciennes pharmacies de la région encore en activité. Elle a appartenu à la famille Monal de 1864 à 1997. Initialement installée au 6 rue des Dominicains, elle est transférée au 38 de la même rue, en pleine guerre de 1914-1918.
L’aménagement intérieur, réalisé en acajou, est confié à Majorelle, celui de la façade à l'architecte Charbonnier. Seuls les encadrements en fer forgé de la porte d'accès à l'officine demeurent aujourd'hui. En dehors de la devanture de l'officine, ornementée par des Ginkgo biloba, le reste de la façade est d'une grande sobriété.
Le décor intérieur est enrichi par deux grandes colonnes et des moulures au plafond.
façade de la pharmacie, rue des Dominicains à Nancy | décoration porte d'entrée |
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porte d'entrée de l'officine | mosaïque à la fleur de Ginkgo |
mosaïque à la fleur de Ginkgo | colonne à moulures |
mobilier Majorelle | mobilier Majorelle |
mobilier Majorelle | |
pharmacie centrale Rosfelder
C'est la première officine à faire intervenir un artiste de l'Ecole de Nancy.
En 1902, Emile André, jeune architecte, est contacté pour restaurer la devanture du magasin et faire divers changements à la façade. Les bombardements de Nancy pendant la Première Guerre mondiale n'ont pas épargné cette officine, il subsiste toutefois des aménagements réalisés au début du siècle.
La frise et les carreaux sont attribués au céramiste Bigot.
L'actuel titulaire de l'ancienne pharmacie Rosfelder, rebaptisée "Pharmacie Principale", a entrepris des travaux de rénovation de la façade après avoir restauré les portes. Il subsiste peu d'éléments du mobilier intérieur : le panneau du fond de vitrine a été déposé au musée de l'École de Nancy, et ses deux meubles latéraux appartiennent à un particulier.
emplacement ancienne pharmacie Mouzin | |
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pharmacie Mouzin
parc de Saurupt (disparue)
Le pharmacien Mouzin, qui voulait lier son officine à sa maison, en confie la réalisation à l'architecte Cayotte en 1909. La maison bourgeoise de la pharmacie est l'une des dernières construites dans le parc de Saurupt. C'est la seule officine Art Nouveau non positionnée au centre ville. Rendue monumentale par sa forme en arc de triomphe, la porte d'entrée de l'officine constitue l’élément central de cet ensemble.
Après la fermeture en 1922, M. Mouzin cède la maison et le magasin à un confiseur nancéien. On ne sait rien du mobilier et ce qui était la pharmacie fait aujourd'hui office de garage.
emplacement ancienne pharmacie Fandre | |
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pharmacie Fandre
4 rue Raymond Poincaré (disparue)
Les bombardements de février 1916 détruisent presque totalement la maison et la pharmacie dont Auguste Fandre est propriétaire depuis 1906. Seule la porte sculptée du XVIIIe siècle est préservée. En 1919, Fandre charge l'architecte Charbonnier de reconstruire la demeure. Cette réalisation est conçue en harmonie avec la porte, aujourd'hui encore préservée.
La pharmacie Fandre a survécu sans modifications importantes aux successions jusqu'en 1990, quand son dernier propriétaire la mit précipitamment en vente publique. Son mobilier est aujourd'hui sauvegardé au musée de l'École de Nancy
ancienne enseigne Delidon | ancienne enseigne Delidon |
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ancienne enseigne Delidon |
pharmacie principale Delidon
20 rue Saint-Dizier (disparue)
Emile Delidon ouvre son officine le 31 mars 1906. La pharmacie existe toujours à cet emplacement, mais il ne subsiste rien de l'ancienne « Pharmacie principale ».
Le superbe mobilier, exécuté par Majorelle a malheureusement complètement disparu. Un auvent en verre sur une structure métallique aux extrémités arrondies, constitue la particularité de la devanture.
pharmacie Godfrin
13 rue Gambetta (disparue)
Louis Godfrin devient propriétaire en 1912 de la pharmacie. La devanture et le mobilier sont certainement changés à cette occasion. En avril 1921, son frère Pierre reprendra cette officine, lui permettant d'exercer au Point Central, à l'angle des rues Saint-Dizier et Saint-Jean. Ces deux pharmacies appartiennent donc à la même famille.
Des aménagements discrets donnent une note artistique à l'officine de la rue Gambetta. Le style intérieur est assez banal, à l'image de la devanture. Un élément du mobilier se détache particulièrement, il s'agit d'une sellette d'Emile André.